Du Moyen-âge au 19ème siècle, le flottage a été le moyen de transport le moins onéreux pour le bois coupé dans les forêts vosgiennes. Les grumes ou les bûches descendent les cours d’eau de pertuis en pertuis entraînées par le courant. A destination, le bois est arrêté par un barrage dressé à travers la rivière ou par un câble tendu en travers du cours d’eau .Les ruisseaux, la Ravines, le Grand Bras, la Goutte de la Maix, le ruisseau de Champenay… et de Gradfontaine et les rivières ,le Rabodeau ,la Bruche ,la Plaine …sont aménagés .Ils portent encore aujourd’hui la trace des vannes, pertuis, retenues ,canaux…
Deux techniques de flottage sont utilisées : le flottage à bûches perdues (ou boulage, boulée, bolovage ou bolloyement) et le flottage en train. Malgré ses pertes significatives, le flottage à bûches perdues est utilisé dans les Vosges pour alimenter les usines, grosses consommatrices de bois comme les cristalleries de Baccarat, les faïenceries de Saint-Clément ou les salines de Rosières. La technique consiste à accumuler en tas au bord du cours d’eau le bois scié en bûches d’un mètre, le moment venu, le bois est jeté à l’eau et suit le courant de pertuis en pertuis jusqu’au port. Ainsi, à Baccarat, il est arrêté par les grilles aménagées par l’entreprise.
L’autre technique est le flottage en train qui concerne le bois de charpente et de construction et se fait sur un cours d’eau large et peu tumultueux ou très bien aménagé comme la Ravines sur laquelle les pertuis en bon état sont encore visibles tous les 400 mètres. Les troncs sont reliés entre eux pour former des radeaux gouvernables qui forment un train de 60 à 75 mètres conduit par trois hommes appelés flotteurs ou voileurs. A Raon l’étape, port de transit pour les flottes légères qui viennent de la montagne par la Plaine ou le Rabodeau, on compte en 1864 environ 350 voileurs ou » oualous ». Les voileurs raonnais ont le monopole du flottage dans tout le bassin de la Meurthe. C’est un métier familial, très dangereux. En effet, le voileur doit trouver son équilibre sur des troncs à la trajectoire incertaine. A l’aide d’une longue perche appelée « cheval », l’homme de tête conduit le train; les deux autres, munis de gaffes appelées « fouets », guident l’ensemble du train depuis la rive ou du train lui-même. Entrés dans le métier à 14 ans, les voileurs sont souvent invalides à 20 ans. Leur voyage les conduit jusqu’à Saint-Nicolas de Port (Saint Nicolas est d’ailleurs leur saint patron), Nancy, Metz voire Coblence par la Moselle et le Rhin. Le trajet de retour de 350 km se fait le plus souvent à pied. Le dernier train formé sur le canal de Châtelles a été lancé en février 1905.
La mairie de Raon l’étape expose dans son salon d’honneur une collection de 12 tableaux témoins de la vie d’autrefois et notamment de l’exploitation forestière et du flottage qui ont fait la prospérité de la ville au 18ème siècle (ci dessous un de ces tableaux)
Vous avez pu suivre le cours de la Ravines lors de la randonnée organisée le jeudi 27 août par Michel et profiter des explications fournies par un spécialiste du flottage Monsieur Petitdemange.
Une lecture possible : La péniche de Saint-Nicolas de Michel Caffier auteur régionaliste qui raconte les débuts de la batellerie fluviale en Lorraine sous le second Empire.
Jitka