A la découverte de l’histoire de Baccarat

L’assemblée générale du club Vosgien de Raon l’Etape s’est tenue cette année 2015 à Baccarat et c’est l’occasion de faire plus ample connaissance avec cette petite voisine qui nous offre aussi quelques belles randonnées comme celle de la Roche du Serpent.

C’est Ademar de Montil, évêque de Metz, qui, à la fin du 13ème siècle, fonda Baccarat sur un espace marécageux compris entre deux bras de la Meurthe au pied de son nouveau château, ville petite mais protégée par les eaux, un solide rempart et un donjon. Adémar octroya aux habitants de Baccarat une charte qui leur accordait des privilèges considérables qui attirèrent dans la cité bourgeois et artisans.

Au milieu du 16ème S., Baccarat possédait des fabriques de drap, des tanneries, des taillanderies prospères, un petit hôpital pour les pauvres et un couvent de Carmes.Son suzerain était toujours l’évêque de Metz.
En 1559, Baccarat fut placé sous le protectorat de la France et connut les désordres des guerres, d’abord guerres de religions puis, à partir de 1634, les guerres entre le Duc de Lorraine et le roi de France( guerre de Sept ans). Occupations, famines, peste: en 1670, Baccarat n’est plus qu’un pauvre village de 150 habitants.
Baccarat serait resté ce modeste village si, pour tirer parti des immenses forêts qu’il possédait dans les châtellenies de Rambervillers et de Baccarat, l’évêque de Metz, Monseigneur de Montmorency, n’avait en 1764 fondé une verrerie sur la rive droite de la Meurthe.

C’est le 21 octobre 1764 que la requête de Monseigneur de Montmorency fut agréée par le roi. Des lettres patentes de Louis XIV et de Louis XV établirent les privilèges des verriers: les maîtres verriers avaient qualité de gentilshommes et portaient l’épée.
La verrerie formait un grand rectangle qui comprenait la maison, les jardins et le grand parc du Directeur général, les logements des ouvriers et des employés, les quatre fours et les immenses réserves de bois. On y fabriquait du verre à vitre et des verres de table ordinaires. L’entreprise prospérait : en 20 ans, elle dévora 6000 quintaux de sable, 300 quintaux de salins, 400 quintaux de cendre et 128 000 cordes de bois ! La verrerie comme la ville grandirent : 200 ouvriers y travaillaient lorsqu’en 1773, on construisit une chapelle et que la verrerie devint la paroisse Ste Anne qui sera réunie à celle de Baccarat en 1802.

Pendant la Révolution et les guerres napoléoniennes, les verreries ne produisaient que très peu. En 1816, un cristallier franco-belge, Monsieur d’Artigues, racheta l’affaire. C’est ainsi que naquit en 1817 la Verrerie de Voneche Baccarat qui devint Compagnie des Cristalleries en 1824 et ne produisit plus que du « cristal de plomb ». La population, qui n’était que de 1096 habitants en 1802, passa à 2000 en vingt ans.
En 1828, le roi Charles X visita la cristallerie et passa commande d’un service orné de feuilles de lauriers. Baccarat gagna aussi ses titres de gloire lors des expositions universelles qui jalonnèrent la deuxième moitié du 19ème siècle et luminaires, services de table, objets exceptionnels gagnèrent les cours européennes et russe,les palais des maharadjahs,le palais impérial de Tokyo… A partir de 1860, comptoirs et réseaux d’agents couvrirent le monde entier. Un magasin de vente fut ouvert à Paris, rue de Paradis, dès 1841.

La cristallerie s’enorgueillit aussi de ses réalisations sociales : les logements des ouvriers autour des fours dès la construction de l’usine, la création en1827 d’une assistance médicale et d’une école, les premières pensions à des ouvriers de choix en 1830, une caisse d’épargne en1831, une caisse de retraite en1850, un agrandissement du parc immobilier avec 150 logements ouvriers nouveaux hors du périmètre initial, la construction, en 1873, d’un foyer pour cinquante puis deux cent cinquante jeunes apprentis, logés, nourris et éduqués par un instituteur spécialisé. Un grand prix récompensa cet ensemble d’institutions sociales lors de l’Exposition universelle de 1889 à Paris.
Paternalisme ou volonté de progrès social, le débat reste ouvert. Il faut cependant noter qu’au 18ème siècle, la proximité entre logements ouvriers et fours était d’abord dictée par des impératifs techniques : il n’était pas possible de maîtriser la fonte du verre avec des fours à bois et une cloche (toujours visible au fronton de l’usine) appelait les ouvriers au travail dès que la coulée était prête ou au changement des équipes. Ce n’est qu’en 1862 qu’apparaît le four Siemens chauffé au gaz de bois qui économise 30% de combustible et donne une matière plus homogène. Aujourd’hui, les fours complètement automatisés fonctionnent au gaz.
Le 20ème siècle débute favorablement, mais, en 1914, Baccarat et l’entreprise sont occupés. De nouveau, en 1940, l’usine est envahie et transformée provisoirement en camp de prisonniers. Puis l’activité reprend de façon larvée malgré les menaces de fermeture des Allemands et le départ de certains ouvriers au STO. En septembre 1944, le 3ème Reich donne l’ordre d’acheminer tout le stock en Allemagne, une coupure providentielle de la voie ferrée et l’arrivée de la Division Leclerc sauve ce stock !

Après 1950, des sculpteurs de renom comme Dali signent des œuvres ciselées dans le cristal … En 1974, pour le Conseil de l’Europe à Strasbourg, la cristallerie enchâsse le drapeau européen qui a flotté sur la lune lors du deuxième vol lunaire.
En 1964, est fêté le bicentenaire de la création de l’entreprise qui compte alors 1092 salariés et a encore gardé son caractère familial.
En 1988, la Société du Louvre, possession de la famille Taittinger entre dans le capital. En juillet 2005, 51 % du capital est acquis par le fonds d’investissement américain Starwood. Après plusieurs plans sociaux, l’entreprise ne compte actuellement que quelque 600 salariés et affronte douloureusement la crise qui touche aussi les industries du luxe.
Baccarat est également connu, particulièrement au Japon, pour son église, chef-d’œuvre de l’architecture en béton des années cinquante et ses 800 m2 de vitraux en cristal aux 150 nuances.
Depuis quelques années, un petit musée de la bijouterie propose ses expositions temporaires et le musée de la cristallerie rénové devrait rouvrir ses portes prochainement.

Baccarat est partenaire du Club Vosgien de Raon l’Etape qui a pris le nom de Club Vosgien de Raon l’Etape et de la Porte des Vosges en février 2006.

Jitka

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.